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C'est sous le règne du calife Omar ibn Abdel'Aziz que le hadîth va connaître, pour la première fois, un travail d'assemblage relativement comparable à l'oeuvre dont le Coran avait été l'objet sous le califat d'Aboû-Bakr. Le Calife Omar ibn Abdel'Aziz qui mourut en l'an 101 A.H / 719 A.C, fut un brillant érudit et avait été le gouverneur de Médine avant d'être nommé Calife en 99 A.H / 717 A.C.

Aussitôt après son accession au Califat, il envoyât un édit à al-Qâdhî Aboû-Bakr ibn Muhammad ibn Amr ibn Hazm Al-Ansari (m.117 A.H / 735 A.C) disant : « Commencez à compiler les traditions du Prophète car je crains qu'elles ne se perdent graduellement ».

L'ordre de Omar ibn Abdel'Azîz , mentionnée dans la « Tabaqât » d'al-Boukhâri, « Al Mouwatta » de l'Imam Malik et le « al-Musnad » de Dârimî, fut exécuté par al-Qâdhî Aboû-Bakr qui réunit tous les récits qu'il pouvait trouver et les soumit au Calife. Des exemplaires de cet ouvrage furent envoyés dans toutes les capitales à travers l'empire islamique. Al-Qâdhî Aboû Bakr fut spécialement choisi pour cette oeuvre car il était le Qâdhî (juge)à Médine.

Une autre raison de plus pour le choix de al-Qâdhî Aboû-Bakr était le fait que la soeur de sa mère, 'Amra, était la disciple de Aïcha, l'épouse du Prophète. Donc, tout ce que 'Amra avait appris de son vénérable guide, avait été consigné en écrit par al-Qâdhî Aboû-Bakr. C'est pour cette raison que le Calife Omar ibn Abd Al Aziz lui avait demandé de porter une attention particulière à la classification des traditions transmises par Aïcha.

Cette oeuvre marque la première tentative officielle d'assemblage des hadîths qui serait relativement comparable à l'assemblage du Coran sous le règne du calife Aboû Bakr. Elle fut précédée par une tentative du 2ème calife Omar Ibnou-l Khattâb, qui lui aussi avait envisagé de faire rédiger les traditions du Prophète, mais finalement, il revînt sur sa décision craignant que cela puisse être considéré comme une innovation.

La période durant laquelle les traditions du Prophète et les données historiques s'y référant, furent réunies et compilées, peut être divisée en trois parties.

§ La 1ère comprend la période durant laquelle les traditions furent notées par les compagnons ayant directement accès à ces informations ou étant eux-mêmes témoins de ce qu'ils écrivaient. Cette période s'étend plus ou moins jusque la fin du premier siècle de l'Hégire

§ La 2ème comprend la période pendant laquelle les gens se mirent à rédiger les traditions en se renseignant auprès de ces compagnons qui avaient été témoins et qui avaient eu directement ces informations. Elle s'étend jusqu'à 150 A.H.

§ Finalement la 3ème partie est la période où, la rédaction du hadîth qui existe aujourd'hui, fut entrepris. Cette période s'étend jusqu'aux premières décades du 4ème siècle

Ainsi la première phase coïncide avec l'époque des compagnons et les vieux Tâbi'ine, la deuxième avec celle des jeunes Tâbi'ine et la troisième comprend cette période où les érudits tels que Muhammad ibn Ismaïl Al-Boukhâri, Moslim ibn Hajjâj al-Qushairi, Muhammad ibn Îssa-t-Tirmidhî et Ahmad ibn Muhammad ibn Hanbal rédigeaient leurs oeuvres après avoir réuni tout le matériel disponible. Les compilations du hadîth de la deuxième phase existent encore et constituent le matériel le plus précieux, le plus authentique et le plus digne de foi que l'histoire ait jamais possédé. Aucune autre documentation historique sur des événements du passé existant aujourd'hui n'a été si méthodiquement et si soigneusement rédigé que le hadîth.

Le grand érudit feu Shibli, qui fut aussi un historien de grande réputation, disait que presque chaque peuple avait eu à consigner ses traditions orales en écrit très souvent des siècles après que ces événements eurent lieu pour le besoin de son histoire.

Ce qu'ils faisaient d'ordinaire dans presque chaque cas, c'était de noter tout bavardage insignifiant sans se soucier de la vérité ou de la source de ces histoires.

Ensuite les historiens procédaient au tri et au choix des événements probables en éliminant ceux qu'ils jugeaient inauthentique. Voilà comment l'histoire de chaque peuple a été écrite. Les anciennes annales des peuples européens n'échappent pas à cette règle.

Le critère établi par les musulmans pour s'assurer de l'authenticité historique des faits était beaucoup plus sévère. Le narrateur initial dans une chaîne de narrateurs devait obligatoirement être un témoin oculaire de l'événement qu'il transmettait. Le caractère et les antécédents de chaque narrateur de la chaîne devraient être aussi examiné à la loupe. Ainsi les savants devaient être satisfaits du haut niveau de la conduite morale, de l'intelligence et de la confiance qu'inspire chaque narrateur de la chaîne avant d'accepter une tradition comme authentique. C'était sans doute une tâche herculéenne, que de chercher tous ces détails sur chacun des centaines des milliers de personnes qui formèrent la chaîne dans la transmission des hadîths.

Les savants, cependant, se dévouèrent corps et âme à toute personne ayant quelque lien avec le narrateur d'un hadîth fut-il le narrateur d'un hadîth pour prendre tous les renseignements nécessaires, et s'assurer de la solidité de la chaîne dans la transmission des hadîths. Et c'est ainsi que pris naissance la science dite : « Asma Ur Rijal » ou le dictionnaire des biographies qui fait la lumière sur au moins 100 000 personnes ayant un lien quelconque avec la transmission des traditions du Prophète.

Des règles furent aussi formulées pour passer au crible et évaluer les récits transmis par les narrateurs. Les savants se montrèrent si francs et honnêtes dans leurs décisions et verdicts que leur efforts et leurs travaux constituent un glorieux chapitre de l'histoire islamique. Parmi, les narrateurs de traditions, il se trouvait aussi des rois et des puissants potentats qui régnaient d'une main de fer, mais les savants et les érudits en matière de hadîth, imbus de la foi et, ignorant la frayeur, leur accordèrent à chacun la place et le mérite qui leur étaient dus en vertu de leur caractère personnel, leur piété, leur intégrité et autres qualités.

L'imâm Wakî', un compilateur des traditions, dont le père était à la tête du trésor publique, n'acceptait les transmissions de son père que quand il avait trouvé un narrateur digne de foi pour les étayer; sinon, il les rejetait. Mou'âdh ibn Mou'âdh rendit un jour visite à Mass'oûdî, un autre savant en l'an 154 A.H / 770 A.C. Alors que celui-ci rapportait des hadîth, il consultait ses notes écrites. Là-dessus, Mou'âdh n'eut plus confiance en lui, en raison de sa faible mémoire, et sans hésitation, il déclara que Mass'oûdî n'était pas digne de confiance. En une autre occasion, on offrit à Mou'âdh ibn Mou'âdh 10 000 dinars en or simplement pour s'abstenir de donner son témoignage au sujet de la probité d'une certaine personne. Il rejeta avec dédain cette offre en disant : « Je ne saurai jamais cacher la vérité »

Existe-t-il un tel exemple de candeur et de probité dans les annales d'un autre peuple ?

Aussi étrange que cela puisse paraître, toute cette accumulation de matériel d'envergure encyclopédique, comprenant de récits jugés corrects ou incorrects, authentiques ou faux par les savants qui acceptent les uns et rejettent les autres, tout cela est à notre disposition, même aujourd'hui, pour être triés et évalués selon les principes et les règles établies pour leur vérification.

 

La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? 

 

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