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                                                Les hadiths

 

Un hadith est une parole ou une action de Mahomet ou de ses compagnons, rapportée par une chaîne de témoins. La chaîne de témoins s’appelle l’isnad, et la parole ou le récit de l’action est le matn. Aucune de ces isnad n’est attestée avant 750, époque à laquelle les isnads ont commencé à être utilisées pour crédibiliser les hadiths. En fait, les théologiens, les juristes et les politiques musulmans s’efforcent de donner du prestige à leurs opinions en les mettant sous forme de hadiths. D’où le nombre énorme des faux hadiths, environ un million six cent mille. D’après les érudits musulmans, les faux hadiths ont commencé à être produits à partir de 661. C’est une date étrangement précise pour un fait transmis pendant plus de deux siècles par une tradition orale. Cela signifie seulement que la production des faux hadiths a commencé très tôt.

 

Le premier recueil de hadiths a été fait en 712, sur l’ordre et sous le contrôle du calife Omar Ibn Abd al Azïz. Il a entièrement disparu, comme l’histoire de Mahomet par Ibn Ishaq. D’autres recueils ont été faits plus tard.

Le premier transmetteur d’un hadith est un compagnon de Mahomet. Il y aurait eu 114.000 compagnons, qui ne transmirent pas tous des hadiths. Les érudits musulmans ne reconnaissent que 13 transmetteurs de premier rang considérés comme sûrs. Ces 13 ont transmis ensemble 19.305 hadiths. La comparaison de ce chiffre avec les un million six cent mille hadiths existant montre l’ampleur de la fabrication admise par les érudits musulmans.

 

Le prestige d’un recueil est plus ou moins grand selon la proportion de hadiths authentiques que l’on pense y trouver. Cinq recueils ont un prestige très supérieur aux autres : au premier rang, celui de Boukhari, mort en 870, l’un des deux livres sur lequel un musulman peut poser la main pour prêter serment (l’autre est le Coran). Au second rang ceux de Muslim, mort en 875. Ces deux documents sont les seuls de toute la littérature religieuse islamique à porter le nom de sahih, authentique. Au troisième rang, se trouvent les trois recueils d’al-Nasaï (mort en 915), Abou Daoud (mort en 888), et al-Tirmidi (mort en 892) [Des traditions assez nombreuses ajoutent le recueil d’Ibn Majda (mort en 886), la Mouwatta de Mâlik et le receil d’Ahmad Ibn Hanbal.]. Tous ont été mis par écrit deux cent cinquante ans ou plus après la mort de Mahomet. Ils contiennent ensemble environ 20.000 hadiths différents. A un rang inférieur se trouvent d’innombrables autres recueils, que les érudits de l’islam considèrent comme faibles ou faux.

Il est difficile de savoir combien de hadiths sont authentiques, car deux siècles et demi de transmission orale dans un milieu où les idées et leur expression étaient étroitement contrôlées par les califes font douter de leur fiabilité, et plus encore le fait que les chaînes de transmetteurs ne sont apparues que plus d’un siècle après la mort de Mahomet. Houchang Nahavandi, ancien recteur de l’université de Téhéran, estimait qu’au plus 40 pouvaient l’être. Cela n’empêche pas la fabrication de continuer : on exhume aujourd’hui encore des hadiths précédemment inconnus [Houchang Nahavandi, Le grand mensonge, dossier noir de l’intégrisme islamique, Paris, 1984.].

 

Même les recueils qui paraissent les plus sûr, en particulier le meilleur, celui de Boukhari, comportent un grand nombre de hadiths fabriqués après coup : ces recueils soutiennent l’histoire califale, et contiennent des hadiths conçus à cette fin. Par exemple le livre 25 de Boukhari, l’un des plus long, intitulé "du pèlerinage", formé de 151 chapitres, décrit les relations de Mahomet avec La Mecque. Patricia Crone a montré de façon très convaincante que La Mecque n’existait pas du vivant de Mahomet : tous les hadiths de ces 151 chapitres sont des fabrications. Le sahih de Boukhari contient bien d’autres exemples de cette sorte. Boukhari lui-même n’est peut être pas l’auteur de ces fabrications, il a pu les admettre de bonne foi, mais le fait est qu’elles ne peuvent remonter à Mahomet.

En principe, les hadiths diffèrent du Coran. Les premiers viennent de Mahomet. Ils restituent ses paroles et ses actes. Ils font autorité parce que le Coran déclare que Mahomet est un "beau modèle". En fait, la distinction n’est pas claire. Par exemple, le "verset de la lapidation" ne se trouve pas dans le Coran actuel, mais, selon plusieurs commentateurs anciens, il se trouvait dans des versions du Coran aujourd’hui disparues. Le verset n’est pas perdu pour autant. Il est devenu un hadith. De même, les quelques cent hadiths qudsi, c’est-à-dire sacrés, sont des paroles d’Allah transmises par Mahomet. Puisqu’ils viennent d’Allah, ils devraient être dans le Coran, or ils ne se trouvent que dans les principaux recueils de hadiths. A l’inverse, certaines paroles prononcées par Mahomet (sur le partage du butin, sur les indiscrétions de son épouse Hafsa, sur le droit de Mahomet de prendre pour femme l’épouse de son fils adoptif, etc..) ont été, selon les traditions islamiques, violemment contestées par les disciples de Mahomet lorsque ce dernier les a proclamées. Gabriel est venu les imposer en les présentant comme venues non plus de Mahomet, mais d’Allah lui-même. Ce sont des hadiths passés dans le Coran. Ils ont très probablement été formés par les califes "mal guidés", pour servir de précédents à leurs actes, plus de trente ans après la mort de Mahomet. Certains versets du Coran sont des hadiths qui ne viennent même pas de Mahomet, mais d’Omar [Suyûtî, Itqân, livre 1, chapitre 10] :

 

"Je me suis trouvé d’accord avec mon Seigneur en trois circonstances : Je dis à l’envoyé de Dieu : "Et si nous choisissions la station d’Abraham (à l’emplacement actuel de La Mecque) comme lieu de prière ? " Alors le verset descendit : " Prenez la station d’Abraham comme lieu de prière ! " [Sourate 2, verset 125.] Je dis(une autre fois) : "Envoyé d’Allah, des gens vertueux comme des libertins pénètrent chez tes femmes. Et si tu ordonnais à tes femmes de se dérober à leurs regards par un voile ? "Alors le verset du voile descendit [Sourate 33, verset 59.]. (Une dernière fois) lorsque les femmes de l’envoyé d’Allah se montrèrent jalouses les unes des autres à son sujet, je leur dis : "Il peut arriver que, s’il vous répudie, son Seigneur lui donne, pour vous remplacer, des épouses meilleures que vous. " Et le verset descendit tel quel." [Sourate 66, verset 5.]

 

Il dut y avoir bien d’autres cas que ces trois, car at Tirmidhî écrit [at Tirmidhî, Jâmi, Manâqib Umar.] :

"Aucun événement ne se produisit, opposant l’opinion des gens à celle d’Omar, sans que ne descende un verset du Coran confirmant l’opinion d’Omar."

Il y eut ainsi plusieurs transferts, dans les deux sens, entre le Coran et les hadiths. Alfred de Prémare, un islamologue, en conclut [Alfred Louis de Prémare, opus cit..] :

"De quelque manière que cela se soit produit, il y a donc eu une sélection et une répartition des données provenant de sources diverses dans les deux grands groupes de textes que l’on désignera sous les noms distincts de Coran et de Hadith."

 

La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? 

 

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