top of page

 

La vie de Mahomet de la naissance à l’hégire

 

L’histoire califale raconte que Mahomet est né à La Mecque, et qu’il y a vécu jusqu’à ce que l’opposition et les menaces des Qoreychites le forcent à fuir à Médine pour sauver sa vie et celles de ses adeptes. Cette fuite constitue l’hégire. Les sources non musulmanes racontent une histoire différente.

 

La date de naissance de Mahomet (environ 580)

L’histoire califale le fait naître pendant "l’année de l’éléphant". L’épigraphie yéménite a montré qu’à une date mal connue, au cours du sixième siècle, une armée yéménite peut-être équipée de quelques éléphants, conduite par Abraha, gouverneur du Yémen sous les ordres du Negus, l’empereur d’Abyssinie, avait fait une expédition vers le nord du Yémen. L’histoire califale dit que l’armée d’Abraha a atteint et attaqué la Mecque, que le grand-père de Mahomet a mené une défense héroïque et victorieuse, et que Mahomet, ou son père suivant les traditions, est né cette année-là. Cependant, l’expédition d’Abraha est restée très au sud de la Mecque. Sa date a été fixée par des chercheurs occidentaux vers 580, pour donner un âge vraisemblable à Mahomet. En fait, on ne sait rien sur la date réelle de cette incursion. De ce fait la date de naissance de Mahomet ne peut être que conjecturale.

 

La ville où il est né

Théophile d’Edesse, un chrétien maronite né en 695 et mort en 785, vécut principalement à Bagdad. Il écrivit une chronique, aujourd’hui perdue, mais qui est reproduite dans la Chronographie de Théophane [1] :

"Lorsqu’il (Mahomet) eut atteint l’âge et la taille de jeune homme, il se mit, à partir de Yathrib sa ville à aller et venir vers la Palestine pour le commerce, pour acheter et vendre. S’étant habitué à la région, il fut attiré par la religion de l’unique Dieu et il revient vers les gens de sa tribu. Il leur proposa cette croyance. Il en persuada un petit nombre qui adhérèrent à lui. De plus, il leur vantait l’excellence de la terre de Palestine, leur disant : « C’est à cause de la croyance à l’unique Dieu que leur a été donnée cette terre si bonne et si fertile. » Et il ajoutait : « Si vous m’écoutez, Dieu vous donnera à vous aussi une bonne terre où coulent le lait et le miel. » Comme il voulait renforcer sa parole, il dirigea une troupe de ceux qui avaient adhéré à lui, et il commença à monter vers la terre de Palestine, attaquant, ravageant et pillant. Ils revinrent chargés (de butin) sans avoir subi de dommages, et ils ne furent pas frustrés de ce qu’il leur avait promis. Dès lors, mus par l’ardeur de posséder, ils s’en firent une habitude. Ils se mirent à monter de nouveau pour piller, et à revenir. Ceux qui n’avaient pas encore adhéré à lui virent que ceux qui s’étaient soumis à lui jouissaient d’abondantes richesses, et ils furent entraînés à se soumettre à lui sans résistance. Ensuite, comme les hommes qui le suivaient étaient devenus une troupe très nombreuse, il ne les conduisit plus (lui-même) pour piller, et il resta à Yathrib sa ville, dans les honneurs."

Ainsi, selon Théophile d’Edesse, la ville d’origine Mahomet était Yathrib, renommée Médine par les adeptes de Mahomet. Ce dernier était commerçant, et dans ses voyages en Palestine, rencontra des personnes qui le convertirent à une religion fondée sur deux éléments : le Dieu unique et l’usage des armes pour s’emparer de butin et des terres de Palestine, désignées par une expression biblique, "la terre où coulent le lait et le miel". La Palestine, le Dieu unique, la Bible et la guerre en vue du pillage sont les quatre caractéristiques de ce groupe. Les tribus arabes guerroyaient et pillaient, mais ne considéraient pas la Palestine comme "la terre où coulent le lait et le miel", et, à cette époque, ne s’intéressaient ni à la Bible, ni au Dieu unique. Les juifs s’intéressaient à la Palestine, à la Bible et au Dieu unique, mais, découragés par les échecs de toutes leurs guerres de libération, ils pensaient alors "qu’étudier la Tora était plus important que restaurer le Temple", et avaient renoncé à la guerre. De plus, dans la tradition juive, la guerre était conduite en vue de la libération d’Israël, non en vue du pillage.

Seuls les nazaréens de cette époque possédaient à la fois les quatre caractéristiques en question : Mahomet commandait une troupe de nazaréens. Il est inévitable qu’à cette époque il ait été nazaréen lui-même.

Mahomet s’était sans doute converti sous l’influence de ses rencontres avec des nazaréens lors de ses voyages commerciaux et sans doute aussi sous l’influence de Waraqa. La combinaison du pillage et d’une idéologie utilisant le Christ était, nous l’avons vu, particulièrement apte à convaincre les Qoreychites, du fait de leurs traditions pillardes et d’une christianisation superficielle. Mahomet mena de nombreuses expéditions, et fit sans doute un grand nombre de convertis parmi les Qoreychites de Palestine, du Néguev et de Jordanie.

 

Le mariage avec Khadija (environ 610)

Selon la Sira d’Ibn Hichâm et les autres sources islamiques citées précédemment, Mahomet, alors qu’il était jeune, épousa Khadija, une femme bien plus âgée que lui, riche négociante, dont il était l’un des caravaniers. Mahomet faisait un beau mariage. Cette tradition est confirmée par une source non islamique, le pseudo-Sébéos, un Arménien qui écrivait vers 660.

Il faut noter que l’attestation non musulmane de Sébéos date de 50 ans après les faits, alors que celle d’Ibn Hichâm, musulmane, est de 200 ans après.

Mahomet eut quatre filles de Khadija. Les sources islamiques attestent que Khadija mourut assez vite. Son nom signifie "celle qui fait des fausses couches".

Bouhkari, le plus respecté des collecteurs de hadiths, écrit dans son recueil :

"Cet homme (Waraqa Ibn Nafal), qui était cousin de Khadija du côté de son père, avait embrassé le nazaréisme avant l’apparition de l’islam."

Etant donné les solidarités claniques, fortes entre cousin et cousine, Khadija était probablement nazaréenne. Un autre texte va dans le même sens [2] :

"Cela vient de Khadija, suite au conseil donné par Waraqa."

Son entourage lui demandait conseil, et elle-même ne donnait son avis qu’après avoir pris celui de Waraqa.

Aujourd’hui, quand un scientifique ou un philosophe donne un avis hors de son domaine, il n’est que très partiellement suivi. Jacques Monot, prix Nobel de biologie moléculaire, en a fait l’expérience quand il a voulu utiliser son prestige scientifique au profit d’un parti politique. A la fin de l’antiquité, il en allait autrement, car la séparation des domaines de compétences était une idée inconnue. Une personne tenue pour un sage ou un chef avait une autorité beaucoup plus large. La variété des questions traitées par les hadiths ou les fondateurs des quatre écoles sunnites en témoigne : un prophète ou un juriste estimé avait autorité en tout domaine. C’est dans ce cadre qu’il faut analyser la citation précédente : puisque Khadija donnait une telle importance aux avis de Waraqa pour les affaires courantes, il est probable qu’elle suivait aussi son avis pour le choix de ses convictions religieuses.

Ce fut sans doute l’efficacité de Mahomet comme négociant, comme prédicateur et comme chef de guerre qui conduisit Waraqa à l’unir à sa cousine, mais, si Mahomet n’avait pas été nazaréen, les solidarités claniques de l’époque auraient interdit à un nazaréen, prêtre de surcroît, de donner sa cousine en mariage à un homme d’une autre religion.

 

La campagne perse de 614

En 614, les Perses attaquèrent l’empire byzantin et envahirent une partie importante de l’Asie mineure et du Proche-Orient. Ils étaient accompagnés de contingents venus d’Arabie orientale, et d’une armée juive. Il existait en effet une communauté juive nombreuse en Perse. Elle était commandée, sous les ordres de l’empereur, par un chef nommé l’exilarque. L’empereur de Perse avait demandé à l’exilarque de lever un corps de combattants juifs, qui comprenait 20.000 guerriers. Il est probable que les nazaréens et leurs convertis Qoreychites se sont joints à eux, pour plusieurs raisons. D’une part théologiques, car il était impossible de prendre le contrôle de Jérusalem et d’y rebâtir le grand cube du Saint des Saints tant que les chrétiens byzantins avaient la maîtrise de la ville. D’autre part, les nazaréens étaient motivés par les discours de Mahomet, que l’on retrouve dans le Coran : ils sont remplis d’invitations à la guerre "sur le sentier de Dieu", en vue du butin [3]. D’après le Coran et d’après Théophile d’Edesse, Mahomet utilisa largement cet argument pour rallier des tribus. La campagne aux côtés des Perses lui permettait d’élargir ses expéditions et d’augmenter les pillages.

 

Les activités de Mahomet entre 614 et 622

Mahomet continua à rallier les tribus arabes à ses convictions. Jacob d’Edesse dans sa chronique datant de 640 environ, rapporte que :

"Le royaume des Arabes, que nous appelons Tayyayé, commença lorsque Héraclius, roi des Romains, était dans sa 11ième année, et Chosroès, roi des Perses, dans sa 31ième (en 621 donc). Les Tayyayés commencèrent à faire des incursions dans la Palestine."

Ces Tayyayés sont les premiers adeptes de ce qui allait devenir l’islam, et que personne alors, encore moins eux-mêmes, n’appelait musulmans. S’ils avaient été basés à La Mecque, dans l’Arabie profonde, leurs premières incursions auraient été faites dans les villes du voisinage, notamment Taïf qui, selon l’histoire califale, avait repoussé Mahomet par la violence. Puisqu’ils faisaient des incursions en Palestine, sans en faire ailleurs à cette époque, ils étaient basés au voisinage de ce pays.

Ainsi, à partir de 621, année indiquée par Jacob d’Edesse, l’alliance des Perses et le retrait des Byzantins avait permis aux razzias de se développer, avec, comme conséquence le ralliement de beaucoup d’Arabes.

 

 

[1] Traduite par Alfred Louis de Prémare, op cit.

[2] Alépine, vol 1, opus cit.

[3] Sourate 4, verset 94. Sourate 8, versets 1, 41 et 69. Sourate 49, versets 15, 19 et 29. Sourate 59, versets 6 à 10.

 

La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? La Bible ou le Coran ? 

bottom of page