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Le Coran selon l’islam

 

Le Coran passe du sommeil à la veille

Pour savoir ce que les adeptes de Mahomet disaient de la formation du Coran, durant les deux premiers siècles après la mort du fondateur, il n’est pas possible d’utiliser des documents musulmans, disparus, mais il existe des documents chrétiens. Jean de Damas écrit en 744 [1] :

"Il répondent que c’est pendant son sommeil qu’il (Mahomet) a reçu l’Ecriture."

Ainsi la première version de la dictée du Coran la plaçait pendant un rêve. C’est une forme de communication divine fréquemment indiquée chez des personnages de l’Ancien ou du Nouveau Testament [2].

En 750, les premières descriptions musulmanes sur la formation du Coran ne font pas état de la transmission pendant le sommeil, soit parce que ces descriptions sont encore très incomplètes, soit parce que cette idée avait été abandonnée. L’idée d’une dictée pendant le sommeil a ainsi duré un siècle ou un peu plus, et a été remplacée par une idée voisine : dans les textes actuellement en vigueur, Mahomet a reçu le Coran au cours de crises de catalepsie pendant lesquelles il ne pouvait plus communiquer avec d’autres personnes. Ces crises le faisaient transpirer abondamment et lui donnaient une telle sensation de froid que, quand il les sentait venir, il demandait à son entourage de le couvrir d’un manteau.

 

Le Coran inimitable

D’après les théologiens musulmans, il vient directement d’Allah, à la virgule près, il n’a pas changé d’une seule lettre depuis qu’il a été mis par écrit, et sa langue est si somptueusement poétique qu’elle est inimitable par aucun humain [3]. Ce caractère inimitable, l’inimitabilité disent les érudits musulmans, est la preuve décisive, contenue dans le Coran lui-même, qu’il vient d’Allah, et non pas d’un ou plusieurs rédacteurs humains.

L’inimitabilité fait partie de la foi musulmane, car elle est appuyée par un consensus universel depuis 850 environ.

 

Le Coran proclamé par un analphabète

Les lettrés musulmans insistent beaucoup sur le fait que Mahomet était analphabète, car, d’après eux, cela prouve l’origine divine du Coran : celui-ci, inimitable, ne peut avoir été composé par un homme analphabète, donc inculte.

Le fondement de cette idée se trouve dans quelques versets du Coran où Mahomet est dit ummi [4]. Ce mot vient du radical um, mère, et du dérivé ummah, homme du peuple, ou communauté des musulmans. Ummi, adjectif formé sur ummah, signifie appartenant au peuple, ou à la communauté musulmane, par opposition à étranger. Dans les premiers siècles de l’islam, les hommes du peuple étant souvent analphabètes, ummi a fini par prendre ce sens. Cet argument est fragile, car rien, dans le contexte du verset, ne plaide pour le sens dérivé, analphabète, plutôt que pour le sens principal, appartenant au peuple.

Les traducteurs sont partagés : Denise Masson, une des grandes islamologues, refuse le sens illettré, et traduit par le Prophète des Gentils (c’est à dire des non juifs), alors que M. Kasimirski, autre traducteur de premier plan, accepte la tradition musulmane et traduit par le Prophète illettré.

Si l’on admet le sens dérivé, la conclusion proposée par les lettrés musulmans n’en résulte pas pour autant : aujourd’hui, une personne analphabète est certes inculte, mais il n’en était pas de même au septième siècle. En effet, la poésie arabe, du début du sixième siècle au début du huitième, a été transmise par tradition orale. Les poètes composaient et leurs auditeurs apprenaient et transmettaient sans écriture. A cette époque, il n’était pas nécessaire de savoir écrire pour avoir une culture littéraire. Même si Mahomet avait été analphabète, on ne peut en conclure qu’il aurait été inculte, et incapable de composer le Coran.

Le Coran lui-même, de plus, conduit à la certitude que Mahomet savait lire : l’ange Gabriel a ordonné à Mahomet de lire les versets qu’il lui montrait par écrit [5]. Pour les lettrés musulmans, il s’agit d’un miracle : avant chaque rencontre avec Gabriel, Mahomet ne savait pas lire, et après chaque rencontre, il ne savait plus lire.

Ainsi, même en se fondant sur le Coran, l’analphabétisme de Mahomet est peu assuré.

 

Les matériaux du Coran

Une part de ces matériaux sont des fragments déformés de la Tora : le Coran contient quelques 6.000 versets, parmi lesquels 502 concernent Moïse, 245 Abraham, 131 Noé, d’autres Adam, Lot, Israël, etc. Au total, un quart du Coran est formé de matériaux venus de la Tora ou de l’Evangile des Hébreux.

Un huitième du Coran, 800 versets, indiquent les règles religieuses et sociales qui donnent leur forme aux sociétés musulmanes.

Les légendes arabes, telles celles de Chu’aïb, Calith, Houd en forment environ deux pour cent.

Des légendes juives, telles le voyage de Moïse [10], ou perse, telle celle de Dhou al Qarnaïm (Alexandre le grand) [11] font ensemble de l’ordre de un pour cent. Le reste est formé de discours de motivation incitant à la guerre, d’exhortations, de fragments d’hymnes, de discours polémiques, etc.

Les fragments retenus ont été classés par ordre de longueur décroissante, sans aucun souci ni de logique, ni de datation, ni de sujet abordé. Ce classement conduit à bien des difficultés. Les érudits musulmans ont établit une datation fondée sur des conjectures. L’absence de chronologie dans le Coran rend ces conjectures incertaines.

Une autre difficulté issue du désordre, c’est que tous les thèmes sont traités dans des fragments dispersés, 29 pour l’histoire de Noé, 37 pour celle d’Abraham, etc.   Une présomption que ce désordre est peut être voulu peut être tirée du fait que certains Corans anciens, aujourd’hui détruits, plaçaient les sourates dans un ordre différent du Coran actuel. On ne sait si cet ordre était logique, mais il ne pouvait être par longueur décroissante, puisqu’il était différent [12].

 

 

[1] Jean de Damas, opus cit.

[2] Abraham (Genèse, 15, 12 et 13) ; Jacob (Genèse, 28, 10 à 15) ; Saül (1 Samuel, 28, 15) ; Natân : (2 Samuel, 7,4 et 1 Chroniques, 17,3) ; Salomon (2 Chroniques, 1,7) ; Samuel (Samuel, 3,4) ; Nabuchodonosor (Daniel, 2,1 et 4, 1 et 2) ; Daniel (Daniel, 7, 1). De très nombreuse personnes (Joël, 3,1) ; Zacharie (Zacharie, 1, 8) ; Joseph (Matt, 1,20 et 2,3).

[3] Sourate 2, verset 23. Sourate 10, verset 38. Sourate 11, verset 13. Sourate 17, verset 88. Sourate 52, verset 34.

[4] Sourate 7, verset 157 et 158

[5] Sourate 96, versets 1 et 3.

[6] Al Mamoun de 813 à 833, Al Mutasim de 833 à 842, Al Wathiq de 842 à 847

[7] Jafar al Mutawakil

[8] Abu Daoud 34, 1. At Tirmidhi 31,7. Ibn Maja 36,8.

[9] Sourate 33, verset 21.

[10] Sourate 18, versets 60 à 82.

[11] Sourate 18, versets 83 à 97.

[12] Suyûtî, Itqân et Ibn al-Nadîm, Fihrist

 

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